Serge Gainsbourg
Không rõ
La nuit d'octobre
Honte à toi qui la première m'a appris la trahison
Et d'horreur et de colère m'a fait perdre la raison
Et d'horreur et de colère m'a fait perdre la raison
Honte à toi femme à l'oeil sombre, dont les funestes amours
Ont enseveli dans l'ombre mon printemps et mes beaux jours
Ont enseveli dans l'ombre mon printemps et mes beaux jours
C'est ta voix, c'est ton sourire, c'est ton regard corrupteur
Qui m'ont appris à maudire jusqu'au semblant du bonheur
Qui m'ont appris à maudire jusqu'au semblant du bonheur
C'est ta jeunesse, c'est tes charmes qui m'ont fait desespérer
Et si je doute des larmes c'est que je t'ai vu pleurer
Et si je doute des larmes c'est que je t'ai vu pleurer
Honte à toi, j'étais encore, aussi simple qu'un enfant
Comme une fleur à l'aurore mon coeur s'ouvrait en t'aimant
Comme une fleur à l'aurore mon coeur s'ouvrait en t'aimant
Certes ce coeur sans défense, pu sans peine être abusé
Mais lui laisser l'innocence etait encore plus aisé
Mais lui laisser l'innocence etait encore plus aisé
Honte à toi, qui fut la mer de mes premieres douleurs
Et tu fis de ma paupiere jaillir la source des pleurs
Et tu fis de ma paupiere jaillir la source des pleurs
Elle coule sois en sûr et rien ne la tarira
Elle sort d'une blessure qui jamais ne guerira
Elle sort d'une blessure qui jamais ne guerira
Mais dans cette source amere, du moins je me laverais
Et j'y laisserais j'espere ton souvenir aborré
Et j'y laisserais j'espere ton souvenir aborré
Et j'y laisserais j'espere ton souvenir aborré
"La nuit d'octobre" (1837) by Alfred de Musset
Le poète
Le mal dont j'ai souffert s'est enfui comme un rêve;
Je n'en puis comparer le lointain souvenir
Qu'à ces brouillards légers que l'aurore soulève,
Et qu'avec la rosée on voit s'évanouir.
La muse
Qu'aviez-vous donc, ô mon poète?
Et quelle est la peine secrète
Qui de moi vous a séparé?
Hélas! je m'en ressens encore,
Quel est donc ce mal que j'ignore
Et dont j'ai si longtemps pleuré?
Le poète
C'était un mal vulgaire et bien connu des hommes;
Mais lorsque nous avons quelque ennui dans le coeur,
Nous nous imaginons, pauvres fous que nous sommes,
Que personne avant nous n'a senti la douleur.
La muse
Il n'est de vulgaire chagrin
Que celui d'une âme vulgaire.
Ami, que ce triste mystère
S'échappe aujourd'hui de ton sein.
Crois-moi, parle avec confiance;
Le sévère dieu du silence
Est un des frères de la Mort;
En se plaignant, on se console,
Et quelquefois une parole
Nous a délivrés d'un remord.
Le poète
S'il fallait maintenant parler de ma souffrance,
Je ne sais trop quel nom elle devrait porter,
Si c'est amour, folie, orgueil, expérience,
Ni si personne au monde en pourrait profiter.
Je veux bien toutefois t'en raconter l'histoire,
Puisque nous voilà seuls, assis près du foyer.
Prends cette lyre, approche, et laisse ma mémoire
Au son de tes accords document s'éveiller.
La muse
Avant de me dire ta peine,
O poète! en es-tu guéri?
Songe qu'il t'en faut aujourd'hui
Parler sans amour et sans haine.
S'il te souvient que j'ai reçu
Le doux nom de consolatrice,
Ne fais pas de moi la complice
Des passions qui t'ont perdu.
Le poète
Je suis si bien guéri de cette maladie
Que j'en doute parfois lorsque j'y veux songer,
Et quand je pense aux lieux où j'ai risqué ma vie,
J'y crois voir à ma place un visage étranger.
Muse, sois donc sans crainte; au souffle qui t'inspire
Nous pouvons sans péril tous deux nous confier.
Il est doux de pleurer, il est doux de sourire
Au souvenir des maux qu'on pourrait oublier.
La muse
Comme une mère vigilante
Au berceau d'un fils bien-aimé,
Ainsi je me penche tremblante
Sur ce coeur qui m'était fermé.
Parle, ami, -- ma lyre attentive
D'une note faible et plaintive
Suit déjà l'accent de ta voix,
Et dans un rayon de lumière,
Comme une vision légère,
Passent les ombres d'autrefois.
Le poète
Jours de travail! seuls jours où j'ai vécu!
Õ trois fois chère solitude!
Dieu soit loué, j'y suis donc revenu
A ce vieux cabinet d'étude!
Pauvre réduit, murs tant de fois déserts
Fauteuils poudreux, lampe fidèle,
Ô mon palais, mon petit univers,
Et toi, Muse, ô jeune immortelle,
Dieu soit loué, nous allons donc chanter!
Oui, je veux vous ouvrir mon âme,
Vous saurez tout, et je vais vous conter
Le mal que peut faire une femme;
Car c'en est une, ô mes pauvres amis,
(Hélas! vous le saviez peut-être!)
C'est une femme à qui je fus soumis
Comme le serf l'est à son maître.
Joug détesté! c'est par là que mon coeur
Perdit sa force et sa jeunesse; --
Et cependant, auprès de ma maîtresse,
J'avais entrevu le bonheur.
Près du ruisseau, quand nous marchions ensemble,
Le soir sur le sable argentin,
Quand devant nous le blanc spectre du tremble
De loin nous montrait le chemin;
Je vois encore, aux rayons de la lune,
Ce beau corps plier dans mes bras ...
N'en parlons plus ... je ne prévoyais pas
Où me conduirait la Fortune.
Sans doute alors la colère des Dieux
Avait besoin d'une victime;
Car elle m'a puni comme d'un crime
D'avoir essayé d'être heureux.
La muse
L'image d'un doux souvenir
Vient de s'offrir à ta pensée.
Sur la trace qu'il a laissée
Pourquoi crains-tu de revenir?
Est-ce faire un récit fidèle
Que de renier ses beaux jours?
Si ta fortune fut cruelle,
Jeune homme, fais du moins comme elle,
Souris à tes premiers amours.
Le poète
Non, -- c'est à mes malheurs que je prétends sourire.
Muse, je te l'ai dit: je veux, sans passion,
Te conter mes ennuis, mes rêves, mon délire,
Et t'en dire le temps, l'heure et l'occasion.
C'était, il m'en souvient, par une nuit d'automne
Triste et froide, à peu près semblable à celle-ci;
Le murmure du vent, de son bruit monotone,
Dans mon cerveau lassé berçait mon noir souci.
J'étais à la fenêtre, attendant ma maîtresse;
Et, tout en écoutant dans cette obscurité,
Je me sentais dans l'âme une telle détresse,
Qu'il me vint le soupçon d'une infidélité.
La rue où je logeais était sombre et déserte;
Quelques ombres passaient, un falot à la main;
Quand la bise soufflait dans la porte entr'ouverte,
On entendait de loin comme un soupir humain.
Je ne sais, à vrai dire, à quel fâcheux présage
Mon esprit inquiet alors s'abandonna.
Je rappelais en vain un reste de courage,
Et me sentis frémir lorsque l'heure sonna.
Elle ne venait pas. Seul, la tête baissée,
Je regardai longtemps les murs et le chemin, --
Et je ne t'ai pas dit quelle ardeur insensée
Cette inconstante femme allumait dans mon sein;
Je n'aimais qu'elle au monde, et vivre un jour sans elle
Me semblait un destin plus affreux que la mort.
Je me souviens pourtant qu'en cette nuit cruelle
Pour briser mon lien je fis un long effort.
Je la nommais cent fois perfide et déloyale,
Je comptais tous les maux qu'elle m'avait causés.
Hélas! au souvenir de sa beauté fatale,
Quels maux et quels chagrins n'étaient pas apaisés!
Le jour parut enfin. -- Las d'une vaine attente,
Sur le bord du balcon je m'étais assoupi;
Je rouvris la paupière à l'aurore naissante,
Et je laissai flotter mon regard ébloui ...
tout à coup, au détour de l'étroite ruelle,
J'entends sur le gravier marcher à petit bruit ...
Grand Dieu! préservez-moi! je l'aperçois; c'est elle;