Félix Leclerc
Không rõ
Les moutons sur la rivière
Dans le compté d' Saint-Jean,
Y a une petite rivière
Et vingt-cinq moutons blancs
Qui broutent de l'eau claire.
Si vous voulez savoir
Qui donc les a noyés,
Écoutez bien l'histoire
De Jeannot le berger
Et d' Margoton,
La fière qui brisait tout,
Le coeur des gars, surtout.
Donc, Jeannot l'aimait bien
Mais il ne disait rien.
« Des lourdauds comme toi,
Y en a sous tous les toits. »
Près d' ses moutons de laine,
Il nourrissait sa peine.
Il effeuillait sur l'eau
Les fleurs de son chapeau,
N'osant lever les yeux
Un peu plus haut,
Où se baignait Margot.
À la lune nouvelle,
Il dit à ses moutons :
« J' vous laisse à Margoton.
Soyez gentil pour elle. »
Il piqua son bâton
Parmi les violettes
Et fit un grand plongeon,
En criant dans sa tête :
« J'aime encore mieux
Le coeur de la rivière
Que celui d' Margoton. »
Margoton rassembla
Tous les moutons d' Jeannot
Et dit : « V'nez, mes agneaux.
Ne vous affolez pas. »
Mais tous jusqu'au dernier
En partant du premier
Plongèrent à la filée,
Un à un, sans s' presser
Et laissèrent sur le sol
Une femme folle,
Courbée sur un bâton,
Et laissèrent sur le sol
Une femme folle,
La folle des cantons.